Parlons poésie... Parlons d'âmes...
Les poètes... C'est comme pour ces lieux qui nous font du bien... Un poète porte en lui tout un univers, une atmosphère particulière, et par sa musique qui lui est spécifique, nous baigne de ses vibrations... Le propre du poète est bien souvent d'être plongé au coeur de ses ténèbres, pour tâcher d'en tirer quelque clarté ou onguent réparateur, qui diffuseront leurs vertus par le biais des mots inspirés... Aussi, est-il rarement compris du plus grand nombre, car, par ses épreuves qui relèvent le plus souvent du domaine de l'âme, il emploiera généralement toute son existence à essayer de s'élever au-dessus des basses matérialités, le plus souvent en vain, et parfois même à s'éloigner de ses semblables en lesquels il ne trouve aucun écho... Parce qu'il aura sondé les abîmes du désespoir de l'âme et éprouvé tout son cortège de tourments intérieurs, il ne peut être superficiel... Il existe peut-être des poètes heureux, joyeux ? Certainement même... Mais pareillement, ils ne toucheront jamais que les âmes à leur ressemblance.
RENÉE VIVIEN...
S'il existe en ce monde une seule personne qui sache à quels tourments intérieurs, l'âme de Pauline Tarn alias Renée Vivien, s'est trouvée en proie, et ce, toute sa vie durant... C'est bien moi !
Ma "rencontre" avec elle remonte à la fin des années 80. J'étais en train de découvrir sa vie et son oeuvre - mais bien étrangement, celles-ci me semblèrent aussitôt plus que familières... -, notamment grâce à la lecture d'une réédition de son oeuvre poétique complète, ainsi que celle d'une importante biographie, qui venaient de paraître, et qui suscitèrent l'enthousiasme de la plupart des lesbiennes, ainsi que de tous les passionnés de poésie du moment... J'ai traversé alors une étrange période d'exaltation artistique, qui me fit prendre conscience en quelques mois seulement de mes aptitudes poétiques et littéraires que je n'avais pas encore découvertes... Puis, une nuit, je fis ce rêve plus qu'éclairant : j'étais dans ma chambre, et à côté d'une petite table de cuisine que j'avais convertie depuis peu en table bureau, je remarquai que se tenait un cercueil clos... Je me vis m'en approcher sans plus attendre, en proie à un étrange pressentiment... Le couvercle fut ôté... Et je ne pus que m'exclamer, dans le souffle d'un murmure, mais cependant de toute la force et la certitude de mon âme : " C'est moi ...", lorsque je constatai que le corps de Renée Vivien, y reposait, intact, avec des lys entre ses bras...
Il est des rêves qui marquent et bouleversent toute une existence, car ils nous donnent soudain des repères sans lesquels on n'aurait pu parfois continuer à avancer... Il fut de ceux-là. Pour la suite, mes livres parlent d'eux-mêmes. On croit aux vies antérieures ou pas. On croit à la médiumnité ou pas. Vie antérieure ou simple channeling ? Je ne sais si j'aurai la réponse de mon vivant. Mais en vérité, cela m'importe peu désormais. L'essentiel est que j'aie pu exprimer un "vécu" - pour elle, d'importance - qu'une âme tenait à exprimer. Mission accomplie. Bien qu'il me reste encore un nombre d'oeuvres bien défini à écrire ou terminer, et dont la plupart des titres sont prêts depuis plus de trente années déjà.
Mon site web consacré à Renée VIVIEN :
https://reneevivien.simdif.com
La plupart des oeuvres de Renée VIVIEN sont téléchargeables sur Wikisource.
https://fr.m.wikisource.org/wiki/Auteur:Renée_Vivien
https://fr.m.wikisource.org/wiki/ Auteur:Hélène_de_Zuylen_de_Nyevelt_de_Haar
...ET HÉLÈNE DE ZUYLEN.
(Pour l'instant, il semblerait que les oeuvres de la baronne Hélène de Zuylen ne soient pas encore accessibles, de même que certaines de celles qu'elle aurait écrites en collaboration avec Renée Vivien sous le pseudonyme de Paule Riversdale...)
PETITE ANTHOLOGIE DE GRANDS POÈMES
(ebook en préparation)
FANTAISIE
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize... Et je crois voir s’étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs.
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens...
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue ! – et dont je me souviens !
Petits châteaux de Bohème, Odelettes,
Gérard de Nerval.
(1808-1855)
LA MORT DES AMANTS
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;
Et plus tard un Ange entr’ouvrant les portes
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Les Fleurs du mal,
Charles Baudelaire.
(1821-1867)
L'INVITATION AU VOYAGE
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Les Fleurs du mal,
Charles Baudelaire.
(1821-1867)
QU'EN AVEZ-VOUS FAIT ?
Vous aviez mon cœur,
Moi, j'avais le vôtre ;
Un cœur pour un cœur ;
Bonheur pour bonheur !
Le vôtre est rendu ;
Je n'en ai plus d'autre ;
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu !
La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur :
Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême ?
Qu'en avez-vous fait,
De ce doux bienfait ?
Comme un pauvre enfant,
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant,
Que rien ne défend :
Vous me laissez là,
Dans ma vie amère ;
Vous me laissez là,
Et Dieu voit cela !
Savez-vous qu'un jour
L'homme est seul au monde ?
Savez-vous qu'un jour
Il revoit l'Amour ?
Vous appellerez,
Sans qu'on vous réponde,
Vous appellerez ;
Et vous songerez !…
Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte ;
Ami comme avant,
Vous viendrez rêvant.
Et l'on vous dira :
« Personne !… elle est morte ! »
On vous le dira :
Mais, qui vous plaindra ?
Pauvres fleurs,
Marceline Desbordes-Valmore.
(1786-1859)
UN PEINTRE DES MONDES DE L'ÂME
EDWARD BURNE-JONES
Peut-être trouverez-vous étrange que j'évoque un peintre sur cette page ? Mais la raison en est bien simple : j'ai toujours considéré que la peinture de ce grand Maître - qui appartenait au courant Préraphaélite initié par Dante Gabriel Rossetti - était en soi de la pure poésie... Notamment, le merveilleux chef-d'oeuvre qu'est ce "recueil" de trente-huit gouaches de formes circulaires, intitulé : The Flower Book, oeuvre posthume parue en 1905.
Il est vrai que les oeuvres constituant les univers propres à chaque peintre appartenant à ce mouvement, par leurs couleurs caractéristiques dominantes le plus souvent employées que sont les roux et ors, de même par la très haute teneur symbolique, ésotérique, mystique, et initiatique, véhiculée par leurs thèmes de prédilections abordés avec plus ou moins de simplicité, et qui pourraient se résumer à un seul, à savoir, celui des mondes de l'Âme... ces oeuvres, dis-je, irradieront au final, un charme, un enchantement, une magie, un mystère qui les rapprochent, mais les différencient grandement aussi... Comment pourrait-on alors définir en quelques mots le très poétique univers d'Edward Burne-Jones ? Il se propose manifestement de nous révéler quelques portes secrètes ouvrant sur d'autres dimensions de l'Esprit et de l'Âme, par le biais inaliénable de l'Art, et peut-être y parvient-il si justement, parce que sa peinture découle d'une profonde humilité, relevant de celle qui caractérise précisement les âmes de grande noblesse...
Voici quelques liens :
https://commons.m.wikimedia.org/wiki/The_Flower_Book_by_Edward_Burne-Jones
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Préraphaélisme